29 avril 2023

8.7 - Paul & Barry Ryan

(Paul &) Barry Ryan, candeur et démesure

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⏯ Pistonnés par leur chanteuse de mère et leur beau-père imprésario, dotés d'une belle gueule en double exemplaire, les jumeaux Ryan avaient tout pour connaître la gloire avec leur variété sagement sur-orchestrée. Hélas, les Walker Brothers, venus d'outre-Atlantique chasser sur les mêmes terres, raflèrent la mise, ne leur laissant que les miettes d'une carrière honorable, avec 8 titres classés dans le top 50 UK (1965-1968). C'est alors que l'histoire prend une tournure singulière. Laissant à Barry la lumière des projecteurs et les interprétations passionnées, le timide Ryan devient homme de l'ombre, se révélant un talentueux compositeur de chansons mélodramatiques, aux arrangements d'une rare flamboyance. Le fruit de cette association - quasi-immédiat - est une pièce montée de plus de cinq minutes, à contre-courant d'une scène rock alors en plein retour aux sources. Un raz-de-marée, éphémère en Grande-Bretagne, mais plus durable sur l'Europe continentale, où le chanteur restera populaire jusqu'au début des années 70... Cherchant à la fois à reproduire la formule gagnante et à s'en affranchir, la petite entreprise familiale ne ménage pas ses efforts sur deux albums plus que méritoires, qu'aurait pu pondre un Scott Walker qui aurait troqué le spleen pour les amphétamines.
 
  1- 'Twas On A Night Like This (1966) : Pour ce qui est de l'ampleur orchestrale, cette chanson n'a rien à envier à The Sun Ain't Gonna Shine Anymore de leurs concurrents, dont elle est également proche en termes de composition. Côté voix, par contre, c'est un peu tendre pour espérer rivaliser avec les barytons américains...
  2- Roomful Of Questions (1968) : ...mais dans un registre plus léger, les jumeaux sont parfaitement à leur aise, comme sur ce morceau tout en contrastes, où cuivres (oh, cette trompette made in Bacharach !) et cordes sont admirablement mis au service d'une charmante mélodie.
  3- Golden Gate (1968) : Tiré du deuxième et dernier album du duo, qui cherche par petites touches à se démarquer de la variété grand public de ses débuts, un titre qui lorgne manifestement vers les rivages wilsoniens. 
  4- Madrigal (1968) : Scott et ses comparses avaient peut-être quelques longueurs d'avance, mais les frères Ryan avaient pour eux une inimitable touche Swinging London, qui illumine leur excellent et ultime single, Pictures Of Today. La face B est une petite pépite sixties, à la limite de la caricature : clavecin en ouverture et sitar pour la conclusion !
  5- Eloïse (1968) : Paul aux manettes et Barry en première ligne, pour LE tube incontournable. Une impressionnante symphonie de poche, qui ne s'embarrasse pas de transitions fines, mais dont l'esthétique à l'emporte-pièce se révèle diablement efficace. Artefact boursouflé pour les uns, titre fondateur pour d'autres, qui y voient l'ancêtre direct de la Bohemian Rhapsody de Queen. A vous de juger.
6- Why Do You Cry My Love ? (1969) : Sur cette formidable lancée, paraît le bien nommé Barry Ryan Sings Paul Ryan, collection épique où les orchestrations, loin d'être un simple ornement, sont au cœur de la dynamique rythmique et mélodique des chansons, dialoguant avec la voix du chanteur. 
⏭ Rendons hommage à l'arrangeur, le dénommé Johnny Arthey, qui partagera la tâche avec Richard Hewson, Tony Cox et Alyn Ainsworth sur les albums suivants.
7- What's That Sleeping In My Bed ? (1969) : Faisant preuve d'une impressionnante palette vocale, dont il use et abuse à l'envi, Barry n'est jamais aussi convaincant que dans le registre doux et intimiste.
 A ce propos, jetez une oreille à Annabelle, charmante face B d'un single isolé de 1971.
8- Kristan Astra Bella (1969) : Vaguement psychédélique, un titre ambitieux, où le falsetto enfantin de Barry semble planer au dessus d'un superbe tapis de cordes. Parfaite conclusion d'un album haut en couleurs (mais à déconseiller aux migraineux).
⏭ Ce mariage entre comptines et orchestrations luxuriantes est assez proche de l'esthétique proposée par le duo Nirvana à la même époque.
9- Makin' Eyes (1969) : Publié moins de cinq mois après le premier opus, Barry Ryan poursuit dans la même veine d'une pop à la fois soignée et extravertie, passée de mode outre-Manche, mais qui pendant quelques années trouvera encore grâce aux oreilles germaines, bataves... et gauloises (un top 2 en 1971 !)
10- Born On a Beautiful Day (1972) : Travaillant essentiellement comme compositeur et producteur, pour son frère où d'autres artistes (Sinatra, notamment), Paul a néanmoins publié quelques singles en son nom au début des seventies, dont cette jolie ritournelle, façon Penny Lane.
⏭ A noter que Paul a également publié un album en 1976, Scorpio Rising.

 

Indice Baroque = ★★★

Compléments :
Top Baroque Albums : La compilation Have Pity On The Boys ! (2018) couvre généreusement la carrière du duo, agrémentant l'intégralité des singles d'une sélection de titres issus de leurs deux albums. Pour Barry, le CD Singing The Songs Of Paul Ryan (2005) regroupe les deux premiers albums, essentiels. Il est hélas difficile à trouver à un prix correct. Sinon, il existe pléthore de compilations publiées sur le continent, dont le son laisse souvent à désirer... The Very Best Of Barry Ryan (1992), comprenant des titres post-69, est un bon compromis, même s'il omet d'excellents morceaux de la période dorée.

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