6.5 - Phil Ochs 🇺🇸

6.4 – Judy Collins ⬅ 🎵 ➡ 6.6 - The Stone Poneys

Phil Ochs, héraut déçu

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⏯ Héros du folk contestataire new-yorkais et militant engagé en première ligne pour les droits civiques, Phil Ochs est bien le dernier à qui l'on aurait prêté des envies de grandeurs orchestrales. Pourtant, à l'image de son ami Dylan se convertissant au rock, il opère en 1967 un virage radical, passant de l'acoustique aux arrangements luxuriants, avec son premier album californien, Pleasures Of The Harbour dont les textes se font également plus poétiques et abstraits. Les tragédies politico-sociales de 1968 plongent Ochs dans un désespoir dont témoignent ses trois derniers albums, plus sombres, plus éclectiques aussi, toujours traversés de fulgurances pop baroques. 

	1- Cross My Heart (1967) : Associé au trio Larry Marks (producteur)/ Ian Freebairn-Smith (arrangeur)/ Lincoln Mayorga (claviériste), Phil Ochs annonce la couleur. Finie l'ascèse, place à la luxuriance. Conçu pour être un tube (qu'il ne sera pas), ce titre joue la surenchère orchestrale. Une hérésie pour ses premiers fans, une bénédiction pour les amateurs du genre.
	2- I've Had Her (1967) : Alternant avec des titres plus légers, teintés de music-hall, les longues compositions de Pleasures... déploient un impressionnant arsenal orchestral, entre folk de chambre et pop symphonique. Ici, Mayorga se livre à véritable exercice de style, pastichant sur chaque couplet un compositeur différent (Bach, Beethoven, Schumann,...), pour accompagner la superbe mélodie.
	3- Tape From California (1968) : Passée la première minute, cette entraînant morceau pop-rock, qui ouvre l'album éponyme, prend une autre dimension avec l'apparition du clavecin. D'abord discret, celui-ci prend peu à peu prend le pouvoir, entre arabesques décoratives, intermède solitaire et accords puissants. Un régal. ⏭ Le claviériste responsable de ce florilège est (semble-t-il) l'illustre Van Dyke Parks, compagnon de Brian Wilson (sur le mythique Smile des Beach Boys), mais aussi et surtout compositeur/arrangeur très présent dans la sphère "sunshine-pop-baroque".
	4- Floods Of Florence (1968) : Plus éclectique que son prédécesseur,, renouant parfois avec la veine folk des débuts, Tape From California chante les désillusions de son époque, sans renoncer toutefois à habiller le sombre propos de superbes arrangements baroques. Preuve ici avec cet air romantique, jouant sur l'alternance entre accords mineurs et majeurs.
	5- Bach, Beethoven, Mozart & Me (1970) : Anéanti par la mort des utopies révolutionnaires, Ochs entame sa longue descente aux enfers. Sur l'ultime et ironique Greatest Hits, il abandonne les sujets directement politiques pour endosser le costume lamé de son idole Presley. Entre les tentatives soul et country jaillissent encore quelques joliesses orchestrales, dont cette perle de chamber-pop.
	BONUS - No More Songs (1970) : Produit par Van Dyke Parks, Greatest Hits se clôt sur un titre poignant, à mi-chemin entre air médiéval et mélopée celtique, où le chanteur évoque le tarissement de son inspiration. Il ne publiera presque plus rien, jusqu'à sa tragique disparition six ans plus tard.
Indice Baroque = ★★★★★
Compléments :
⏭ Top Baroque Albums : Pleasures Of The Harbour (1967) est incontournable, même si la longueur des titres et la surenchère orchestrale l'éloignent souvent du cahier des charges pop baroque. Plus équilibré et léger, Tape From California (1968) est chaudement recommandé. Et si le virus Ochs vous a pris, ne manquez pas les deux albums suivants (Rehearsals For Retirement et Greatest Hits) qui contiennent leur lot de petits trésors.
6.4 – Judy Collins ⬅ 🎵 ➡ 6.6 - The Stone Poneys